COVID-19 : le PDG d’Orange fait le bilan d’après-crise. Dans une interview accordée aux Echos, Stéphane Richard est revenu sur les conséquences de l’épidémie sur le déploiement de la 4G, de la fibre et des enchères 5G.
Orange prêt à saisir de nouvelles opportunités
Le PDG du Groupe a commencé son entretien par revenir sur le renouvellement du comité exécutif du groupe qui sera effectif à partir du 1er septembre. Il explique notamment que cette crise a poussé Orange à se poser des questions sur le monde d’après et ce remaniement était donc nécessaire pour “faire face aux nouveaux enjeux” de l’après crise.
Il assure cependant que le nouveau plan stratégique du Groupe “Engage2025” reste valable et que la crise a même validé “les orientations prises sur l’environnement et le très haut débit”. “Le monde d’après va être marqué encore plus fortement qu’avant par des questions écologiques et par l’enjeu de résorption de la fracture numérique” explique le PDG. Orange a su tenir le choc mais doit “saisir les opportunités provoquées par la crise” comme dans la cybersécurité, la transformation digitale des entreprises, ou même dans la santé, la médecine à distance, qui est promise à un développement rapide.
Orange souhaite également poursuivre son développement sur le continent africain, et même l’accélérer en étant présent dans les grandes économies comme celles du Nigeria ou de l’Afrique du Sud. En Europe, S.Richard indique qu’il n’y a pas d’expansion prévue par le biais d’acquisitions mais Orange est attentif à ce qui se passe dans les pays où il est déjà présent, notamment en Roumanie et en Espagne.
Stéphane Richard est ensuite revenu sur l’impact du confinement sur les réseaux. Il explique que les réseaux fixe et mobile ont bien été à la hauteur. “Certes, dans certains endroits ruraux, le débit est faible et cela a pénalisé le télétravail ou l’éducation à distance. Dans ces régions, nous déploierons la fibre plus vite”. Cependant, il va falloir du temps pour que la filière du déploiement de la fibre retrouve son rythme compte tenu des contraintes sanitaires. “Les retards vont aller bien au delà de trois mois. Nous en discuterons prochainement avec le gouvernement et l’ARCEP”. Le gendarme des télécoms avait d’ailleurs revu à la hausse les objectifs pour fin 2020. Orange explique ne pas être contre le fait de déployer plus mais estime que le calendrier doit être revu.
Orange parmi les premiers sur la 5G
Interrogé sur l’intérêt de la 5G alors que le réseau 4G a bien tenu le choc durant le confinement, S.Richard répond que la prochaine génération de réseau mobile apportera plus de capacité ce qui est indispensable vu que le trafic mobile augmente entre 40% et 50% chaque année.
Le PDG a également donné son avis sur le prix de base pour l’attribution des fréquences 5G s’élevant à 2,17 milliards d’euros. Il explique qu’évidemment les opérateurs auraient souhaité un prix plus bas “mais on peut difficilement dire que les télécoms ont été peu touchés pendant la crise et demander une baisse de prix !”. Cependant, S.Richard estime que le rythme de déploiement de la 5G initialement prévu doit être allégé. Pour rappel, les enchères 5G initialement prévues pour avril auront lieu fin septembre en raison de la crise sanitaire.
Sur la commercialisation de la 5G, Stéphane Richard a expliqué “nous irons à bon rythme, sans se précipiter”. “L’impact du COVID sur Orange a certes été limité mais il n’est pas nul ! Pendant deux mois nos boutiques ont été fermées. Nous avons aussi du faire une crois sur les frais d’itinérance avec l’arrêt du tourisme international”. Il assure cependant que l’opérateur sera parmi les premiers sur la 5G car “nous y croyons, contrairement à d’autres, manifestement”.
“Les autres” sont notamment SFR et Bouygues Telecom qui ont demandé au Gouvernement de retarder les enchères 5G estimant que ce n’est pas la priorité. Martin Bouygues pense en effet qu’il faudrait davantage déployer la 4G dans les zones rurales via un “New Deal Mobile 2”. En réponse, Stéphane Richard a déclaré que le “New Deal” actuel est suffisant et que “avant de demander à faire plus, il faut déjà faire ce qui était prévu”. “Orange, pour sa part, sera à l’heure”.
Pour finir, le PDG d’Orange s’est exprimé sur la fin de son mandant prévue pour 2022. Pour lui, il est encore trop tôt pour s’exprimer sur le sujet. “J’ai déjà battu record de longévité historique d’Orange. En 2022, j’aurai 61 ans. Si je suis bien portant, la question sera : Est-ce que j’aurai envie de rester, même si je suis très attaché à ce groupe ; et est-ce que le conseil aura aussi envie que je reste ?”. Pour le moment, l’actuel PDG n’exclut donc rien.